Et si la SÉPAQ ouvrait un parc national sur l’île de Montréal? C’est la proposition que fait Projet Montréal dans l’espoir de préserver un important espace vert dans l’ouest de Pierrefonds où la Ville souhaite voir un projet immobilier se développer.
L’idée coûterait cher aux Montréalais, préviennent les propriétaires.
Alors que débute ce soir une importante consultation publique sur l’avenir de Pierrefonds-Ouest, l’opposition à l’Hôtel de Ville dit vouloir contrer un projet de développement résidentiel «digne des années 1960» que compte mettre de l’avant l’administration Coderre. Plutôt que bâtir des maisons, Projet Montréal souhaite regrouper 16 km2 d’espaces verts dans ce secteur – en incluant le parc-nature du Cap-St-Jacques – pour faire le tout premier parc national sur l’île. «Ce serait le tout premier parc national urbain», illustre la chef Valérie Plante.
«C’est le dernier espace vert de cette ampleur, qui représente 50% des espaces naturels qui restent. C’est important de le préserver» dit Mme Plante.
L’opposition propose de confier la gestion de ce parc à la SÉPAQ en collaboration avec le service des parcs de la Ville. Projet Montréal souligne que, des 24 parcs nationaux sous la responsabilité de la SÉPAQ, trois se trouvent dans la région (Îles-de-Boucherville, Oka et Saint-Bruno), mais aucun sur l’île. Or, de nombreux Montréalais aimeraient ne pas avoir à sortir de l’île pour se rendre en nature. «Il y a tellement un grand intérêt de camper sur l’île, de ne pas avoir à sortir pour aller à Oka ou aux Îles-de-Boucherville», ajoute Mme Plante.
Les audiences de la consultation publique sur l’avenir de Pierrefonds-Ouest se poursuivent jusqu’au 15 mai.
«Consternation» chez les promoteurs
Les promoteurs du projet Cap-Nature ont manifesté leur «consternation» devant la proposition de Projet Montréal. «La cheffe de Projet Montréal n’a pas le pouvoir de donner ce qu’elle ne possède pas», a réagi par communiqué David Cliche, porte-parole des propriétaires des terrains. Celui-ci évalue qu’il en «coûterait des centaines de millions de dollars aux contribuables montréalais» conserver ces terrains.
Administration Coderre peu intéressée
L’administration Coderre émet d’ailleurs de sérieuses réserves sur cette proposition. D’abord, l’élu Russell Copeman dit qu’il est faux de prétendre que leur administration veut «offrir» ces terrains au développement, le plan d’urbanisme de Montréal prévoyant un développement immobilier depuis au moins 2004.
Ensuite, la moitié du territoire visé par Projet Montréal appartient à des propriétaires privés. Ces terrains devraient ainsi être achetés ou expropriés. «Combien cela coûterait? Ce serait financé par qui?» soulève Russell Copeman. Celui-ci relève que l’ex-chef de l’opposition, Luc Ferrandez, a déjà affirmé «qu’il coûterait trop cher acheter trop ces terrains».
«On n’a aucun problème avec l’idée d’un parc national, mais on a déjà des parcs régionaux, des parcs d’agglomération, des éco-territoires», a ajouté Russell Copeman.