Un personnage particulier pour illustrer une conférence bien particulière. Une photo du président américain Donald Trump figure sur les posters faisant la promotion d’une conférence sur les agressions sexuelles à Stanford.
La prestigieuse université a fini par donner son accord après des mois de délibérations avec une enseignante.
Le poster controversé créé par Michele Dauber, professeure de droit, comprend une capture d’écran d’une vidéo de Donald Trump qui avait fuité pendant la campagne présidentielle et au cours de laquelle le magnat de l’immobilier se vantait de pouvoir attraper les femmes par l’entrejambe parce qu’il est célèbre.
La capture d’écran venant d’un enregistrement de 2005 pour l’émission “Access Hollywood” inclut le présentateur Billy Bush et l’actrice Arianne Zucker, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.
Donald Trump avait également été visé par des accusations d’agressions sexuelles en octobre 2016.
“J’essaie depuis des mois d’obtenir l’autorisation de l’université pour utiliser cette image”, a expliqué Michele Dauber à l’AFP mardi 18 avril, précisant avoir appris la veille seulement qu’elle pourrait finalement le faire. “Je suis déçue qu’il ait fallu des articles de presse pour que la faculté honore son obligation de protéger la liberté académique”, a-t-elle ajouté.
Michele Dauber enseigne à Stanford depuis 16 ans et estime que la tentative des dirigeants de l’université de l’empêcher d’utiliser la photo du président équivaut à de la censure.
Un “recul de la liberté d’expression’ sous Donald Trump
“Des contenus et des conversations difficiles sur des sujets controversés, c’est ce qu’on doit trouver à l’université” et c’est le but du premier amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté d’expression, a-t-elle ajouté.
Lisa Lapin, porte-parole de l’institution, a souligné que l’université avait craint une “apparence de parti-pris politique”, d’autant que le prospectus portait le nom de l’école et non celui de l’enseignante, mais a finalement conclu que “l’image utilisée sur le matériel promotionnel n’était pas une enfreinte” au règlement de l’école.
Les universités américaines ne “peuvent prendre de positions politiques, même si les individus sont libres d’exprimer leurs opinions”, a-t-elle ajouté. L’événement se focalisera sur les agressions sexuelles sur les campus et sur Title IX, loi fédérale qui protège les victimes de violences sexuelles et pourrait être modifiée par l’administration Trump.
Pour Michele Dauber, l’incident est le symbole d'”un recul de la liberté d’expression sous Donald Trump, particulièrement dans le contexte des agressions sexuelles”, et Stanford “a fait beaucoup de faux pas dans ce domaine”.
Scandale d’agression sexuelle sur le campus
L’université s’est retrouvée au centre d’un scandale l’an dernier après qu’un de ses étudiants, Brock Turner, eut été jugé coupable d’agression avec intention de violer une jeune femme sur le campus. Mais il n’a reçu qu’une condamnation de six mois de prison et trois ans de liberté surveillée et a été libéré au bout de trois mois. Michele Dauber avait mené le mouvement pour que le juge qui avait pris cette faible sentence soit démis.
Après cette affaire, l’université avait aussi suscité la polémique l’an dernier pour avoir interdit l’alcool lors des fêtes se déroulant dans son périmètre, une mesure qui pour ses critiques ne règle pas le problème des agressions sexuelles sur les campus.