QUÉBEC – Une hausse immédiate du salaire minimum à 15$ de l’heure aurait été «catastrophique» pour les PME québécoises, croit la ministre du Travail. Québec opte plutôt pour une hausse graduelle pour atteindre 12,45$ en 2020.
Dominique Vien a annoncé jeudi matin une hausse du salaire minimum de 50 sous dès le 1er mai prochain; il s’agit de la hausse la plus importante depuis 2010. Celui-ci devrait ensuite augmenter à nouveau de 50 sous en 2018, puis de 35 sous pour les années 2019 et 2020 respectivement.
Le gouvernement Couillard espère que le salaire minimum atteindra ainsi 50% du salaire moyen au Québec d’ici 2020, à 12,45$.
Toutefois, il ne s’agit pas d’«une garantie totale, béton», prévient la ministre du Travail. Une crise économique pourrait mettre la hausse en péril dans les prochaines années. «Je pense que la seule chose qui pourrait arriver, c’est que le plan de match soit retardé, mais très sincèrement, au moment où je vous parle, mes collègues et moi, on est assez convaincus qu’en 2020 on devrait y arriver.»
Pour l’année en cours, la hausse représente une augmentation du revenu net annuel estimée entre 254$ et 655$, selon le nombre d’heures travaillées, affirme la ministre.
«Il est primordial que travailler au salaire minimum soit toujours plus payant que d’être sur l’aide de dernier recours», a-t-elle commenté.
Pas question, toutefois, de hausser le salaire minimum à 15$ de l’heure dans un avenir prévisible, comme le réclament de nombreux syndicats et groupes sociaux. «Je pense que, là, on aurait effectivement posé un geste qui aurait été catastrophique. Et ce n’est pas du tout dans ces eaux-là qu’on se situe», a affirmé la ministre Vien.
«Je pense que c’était utopique de penser que nous pouvions aller dans ce sens-là, dit-elle. Ce que nous proposons aujourd’hui, c’est très équilibré, c’est prudent, c’est flexible.»
Suivant la logique d’un salaire minimum à 50% du revenu moyen, «on devrait arriver à 15$ de l’heure la journée où le salaire horaire moyen sera à 30$», a souligné la ministre. Toutefois, l’inflation aura également fait son œuvre.
À ce rythme, les travailleurs à bas revenu pourraient attendre jusqu’en 2027 avant de toucher un tel taux horaire, estime la présidente de la Centrale des syndicats du Québec, Louise Chabot. «C’est extrêmement décevant, l’annonce qu’on a ce matin», a-t-elle commenté quelques minutes après le point de presse de la ministre.
À tout le moins, la CSQ aurait souhaité que le gouvernement Couillard hausse, immédiatement, le salaire minimum à 50% du taux horaire moyen au Québec. L’annonce de jeudi signifie que le revenu de ces travailleurs demeurera à 3 000$ sous le seuil de la pauvreté, estime Louise Chabot.
«C’est un pas intéressant, sauf qu’on est loin d’un salaire où on peut vivre dignement et décemment au Québec», a pour sa part affirmé le président de la FTQ, Daniel Boyer, sur les ondes de LCN.
La FTQ entend revenir à la charge pour un salaire minimum à 15$ de l’heure. «On va continuer cette bataille-là», a-t-il promis.
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