Annie Poulin (Journaliste à Toronto) ici.radio-canada – L’aéroport Pearson rapporte que le nombre de passagers a plongé de 98 % en avril dernier par rapport au même mois l’année précédente.
C’est très bizarre. Il y a des parties de l’aéroport complètement fermées, rapporte Sheila Fardy, une agente de service à la clientèle chez Air Canada.
C’est comme une allée de bowling. C’est vraiment vide, vide, vide.
Sheila Fardy, agente de service à la clientèle chez Air Canada et déléguée syndicale
Les revenus de l’aéroport, eux, ont chuté de plus de moitié (53,4 %) en avril, selon le dernier rapport de gestion de l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto (AAGT).
Aucun représentant de l’aéroport n’a accepté de nous accorder une entrevue, soulignant que les résultats sont publiés chaque trimestre.
Au moins 20 000 emplois perdus
C’est une crise pour la communauté, affirme Sean Smith, du conseil des travailleurs de l’aéroport de Toronto.
L’organisation représente les quelque 50 000 personnes qui travaillaient à l’aéroport Pearson avant la pandémie, que ce soit pour les lignes aériennes, les commerces ou encore l’entretien des installations.
On pense qu’au moins 20 000 personnes ont perdu leur emploi, ça pourrait même être jusqu’à 30 000 personnes, dit-il. Je n’ai jamais rien vu de tel.
Il ajoute toutefois qu’un petit nombre d’employés mis à pied ont été rappelés au travail dans les dernières semaines, du fait de la reprise de certains vols initialement annulés.
En avril 2019, il y avait 67 transporteurs aériens qui utilisaient Toronto-Pearson. En avril 2020, ils n’étaient plus que 16. – PHOTO : RADIO-CANADA
Avant la pandémie, l’aéroport se présentait comme une force économique pour la région.
Sur son site Internet, l’AAGT se vante encore d’être la deuxième zone d’emploi en importance au Canada et de générer ou faciliter 6,3 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Ontario.
Le ralentissement des activités à l’aéroport inquiète d’ailleurs la mairesse de Mississauga.
Le succès de l’aéroport est lié de près au succès de notre ville, affirme Bonnie Crombie. L’aéroport de Toronto est situé sur le territoire de Mississauga, près de sa frontière avec Toronto.
Selon Bonnie Crombie, plus de 300 000 emplois dépendent de l’aéroport, lorsqu’on inclut toutes les entreprises qui gravitent autour de celui-ci.
Elle affirme qu’elle a déjà rencontré la PDG de Toronto-Pearson, Deborah Flint, et qu’elle a écrit aux ministres fédéraux des Finances et des Transports pour leur demander une aide directe aux aéroports.
Hausse des frais pour les voyageurs?
L’industrie demande elle aussi l’aide d’Ottawa.
C’est une crise incroyable comme on n’a jamais vu, affirme Daniel-Robert Gooch, le président du Conseil des aéroports du Canada.
Il explique que les revenus des aéroports ont plongé à cause de la pandémie, mais que plusieurs coûts sont maintenus puisque les aéroports doivent rester ouverts.
C’est sûr qu’il y a plusieurs aéroports qui vont devoir augmenter leurs frais aux compagnies aériennes et aux passagers, dit-il.
Il souligne que plus tôt ce mois-ci l’aéroport de Winnipeg a annoncé que ses frais d’amélioration aéroportuaire allaient passer de 25 $ à 38 $ dès septembre. Ces frais sont payés par les passagers à l’achat du billet d’avion.
L’aéroport Pearson n’a pas annoncé de hausse de ses frais aux passagers, qui sont présentement fixés à 25 $ pour les voyageurs au départ.
Le gouvernement fédéral a déjà annoncé en mars qu’il renonçait au loyer payé par les autorités aéroportuaires canadiennes pour la période allant de mars à décembre 2020.
L’aéroport Pearson souhaite que cette mesure soit prolongée jusqu’en 2022, selon son dernier rapport.
Le Conseil des aéroports du Canada milite aussi pour qu’Ottawa accorde une plus grande aide aux aéroports.
Il craint notamment que les coûts de voyage en partance du Canada deviennent beaucoup plus élevés que ceux des États-Unis.
Nous avons des aéroports juste de l’autre côté de la frontière. Pour plusieurs Canadiens, c’est assez facile de conduire jusqu’à un autre aéroport pour prendre un vol moins cher, affirme Daniel-Robert Gooch.
Annie Poulin (Journaliste à Toronto) ici.radio-canada