Ottawa — Le premier ministre Justin Trudeau est à Washington, lundi, où il vient d’amorcer sa toute première rencontre avec Donald Trump avec un objectif précis : s’assurer que le Canada ne fasse pas les frais des mesures protectionnistes du nouveau président des États-Unis.
M. Trump a déjà indiqué vouloir renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ; a mentionné l’idée d’une taxe frontalière ; et pourrait faire revivre des mesures protectionnistes de type « Buy American ».
Ces idées sont largement perçues comme une menace importante au commerce de plus de 2 milliards de biens qui franchissent quotidiennement la plus longue frontière non militarisée au monde.
Les enjeux sont si importants que la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a demandé à la chef conservatrice par intérim Rona Ambrose l’opinion de l’opposition officielle, dans une lettre datée du 23 janvier. Elle y indique que « l’importance de la relation [commerciale] doit aller au-delà de la partisanerie ».
Mme Ambrose a répondu, dans une lettre transmise au premier ministre ce week-end, suggérant de concilier les efforts de l’opposition officielle et du gouvernement fédéral pour tisser une relation solide avec la nouvelle administration américaine.
Elle a noté que les membres de sa formation ont de l’expertise en matière de commerce de même que des contacts étroits avec certains législateurs des États-Unis.
Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a pour sa part critiqué M. Trudeau, qu’il souhaiterait voir dénoncer certains discours de M. Trump.
Ian Lee, professeur de l’École de Commerce Sprott de l’Université Carleton, à Ottawa, estime cependant qu’il serait « enfantin, juvénile et irresponsable » de croire qu’il est du devoir de M. Trudeau de se rendre à Washington pour défendre les valeurs canadiennes auprès de M. Trump.
« C’est une profonde incompréhension de l’histoire, une profonde incompréhension du rôle du premier ministre du Canada », juge-t-il.
Un nouvel ALENA, une possible taxe sur l’importation et des mesures protectionnistes seraient catastrophiques pour le Canada, estime le professeur, de sorte que Justin Trudeau doit s’assurer que le pays ne sera pas touché.
C’est donc avec beaucoup d’anxiété du côté canadien que Justin Trudeau et sa délégation se sont préparés à rencontrer le président américain dans le bureau ovale.
Chrystia Freeland et les ministres de la Défense Harjit Sajjan, de la Sécurité publique Ralph Goodale, du Transport Marc Garneau et des Finances Bill Morneau sont également à Washington, lundi.
Mme Freeland et MM. Sajjan et Morneau s’étaient déjà rendus dans la capitale américaine, la semaine dernière, pour jeter les bases de la rencontre de lundi.