Si la Ligue nationale de hockey (LNH) n’envoie pas ses joueurs aux Jeux olympiques de 2018, le tournoi de Pyeongchang aura tout de même des airs familiers : il ressemblera à ceux de Lillehammer, en 1994, d’Albertville, en 1992, et de Calgary, en 1988.
Peut-être même un peu à celui de 1980, à Lake Placid, et à son « Miracle sur glace ».
Avec un peu moins d’un an avant le lancement des JO, la ligue, l’Association des joueurs, la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) et le Comité international olympique n’ont toujours pas d’entente pour la participation des joueurs de la LNH pour une sixième fois d’affilée aux Jeux. Il reste tout de même du temps : après tout, pour Sotchi, la décision avait été prise en juillet 2013. Mais tout le monde travaille sur un plan B, au cas où.
La Russie pourra peut-être compter sur Alexander Ovechkin, qui a l’intention d’y aller, peu importe la décision du circuit Bettman. Mais les États-Unis, le Canada et les autres pays se préparent à vivre sans les meilleurs joueurs au monde.
USA Hockey se tournerait surtout du côté du réseau universitaire, tandis que Hockey Canada chercherait à défendre sa médaille d’or avec un mélange de professionnels établis en Europe, des joueurs des ligues mineures nord-américaines, ainsi que d’autres provenant des circuits junior et de la NCAA.
L’équipe assemblée en vue de la Coupe Spengler, disputée en Suisse, en décembre, servirait de plan de travail pour Hockey Canada, avec des joueurs comme Cory Conacher et Zachary Fucale qui provenaient des ligues mineures nord-américaines, et Daniel Paille et Nick Spalling, qui évoluent maintenant en Europe.
Bien que le président de l’IIHF, René Fasel, souhaiterait un dénouement plus tôt que tard, Renney a indiqué que Hockey Canada serait en mesure de mettre une équipe sur pied très rapidement. Comme USA Hockey, le Canada pourrait se tourner vers son équipe nationale junior, mais elle compte davantage de joueurs expérimentés en Europe et dans la Ligue américaine. Des gars comme Ben Scrivens, qui évolue dans la KHL, ou Michael Leighton, qui joue pour le club-école des Hurricanes de la Caroline, par exemple.
S’il croit que les joueurs de la LNH y seront, Leighton, qui est âgé de 35 ans, a indiqué qu’il s’entraînerait « comme jamais » s’il avait la chance d’obtenir le poste.
Le président et chef de la direction de l’AHL, David Andrews, s’attend à ce que sa ligue soit ouverte à envoyer ses joueurs en Corée du Sud, pour autant que les équipes de la LNH donnent la permission à leurs espoirs de s’y rendre.
« Ce sera une question intéressante pour plusieurs directeurs généraux par contre, a-t-il souligné. Après tout, certaines équipes se demanderont si elles désirent voir leurs principaux candidats à un rappel en Corée pour deux ou trois semaines. »
Certains propriétaires de la LNH, comme Ted Leonsis, des Capitals de Washington, et Geoff Molson, du Canadien de Montréal, ont déjà indiqué qu’ils accepteraient que leurs joueurs se rendent à Pyeongchang même si la LNH n’y va pas. Le gardien des Caps, Braden Holtby, a toutefois répondu qu’il n’abandonnerait pas son équipe en pleine saison.
L’IIHF pourrait aussi décider d’établir des paramètres qui empêcheraient les joueurs de la LNH d’y participer.
L’ex-défenseur de la LNH Mark Howe serait à l’aise avec cette option. Celui qui a gagné une médaille d’argent pour les États-Unis en 1972 appuie les joueurs amateurs. Pour lui, le « MIracle sur glace » de 1980 a eu beaucoup plus d’impact sur le sport que la présence des professionnels aux Jeux olympiques.
« C’est possiblement la plus grosse victoire de l’histoire du hockey, a-t-il dit au sujet du gain des Américains aux dépens de la puissante équipe de l’Union soviétique aux Jeux de Lake Placid. Il y a des gars au sein de cette équipe qui n’ont jamais eu l’occasion de jouer dans la LNH. Il s’agissait de leurs deux semaines de gloire. Des gars comme Mike Eruzione ou Jimmy Craig. Ce sont des histoires phénoménales. »
C’est vrai. Mais John LeClair, qui a participé aux JO de 1998 et 2002 avec les États-Unis, s’inquiète de l’écart de talent qu’on pourrait voir l’hiver prochain si la Russie aligne Ovechkin, Pavel Datsyuk et Ilya Kovalchuk contre des joueurs universitaires.
« On se retrouverait alors dans la même situation où les Soviétiques comptaient sur tous leurs professionnels, a-t-il dit. Ce que vous voulez, c’est que tout le monde ait les mêmes chances de l’emporter. »